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Structurer les filières de protéines végétales

L'innovation pour augmenter les capacités de production (en semences notamment) et la mise en place de bassins de production pour la création d’une certaine masse critique représentent deux leviers indispensables.

Le développement de nouvelles sources protéiques fait partie des objectifs prioritaires de l’État et de l’Union européenne pour la souveraineté alimentaire. Protéines France, Terres Univia et leurs partenaires s’organisent pour y répondre.

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En 2022, 2,5 Mha de légumineuses à graines ont été récoltés dans l’Union européenne pour une production totale de 6 Mt de graines, en hausse de 1,6 % par rapport à 2021. Cette production est encouragée par Bruxelles comme solution pour réduire la dépendance aux protéines végétales en provenance de pays tiers, notamment depuis le début du conflit russo-ukrainien, ainsi que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de viande.

Dans ce cadre, la France se positionne en deuxième position avec la production en 2022 de 0,9 Mt de légumineuses, derrière l’Italie (1,1 Mt). Sur le marché national, le baromètre OléoProtéines 2023 de Terres Univia révèle que les ventes de légumes secs brut ont augmenté de près de 48 % en valeur entre 2021 et 2022, atteignant 14 M€, ainsi que de 18 % en volume (5 400 t). Ces résultats encourageants ont notamment été permis par la loi EGalim qui oblige la restauration collective à proposer au moins un menu végétarien par semaine.

ProteiNew, une première étape

« Si la France est bien placée dans la production de protéines avec un collectif d’acteurs importants du champ à la fourchette, il lui manque une organisation pour agir collectivement », souligne néanmoins Paul-Joël Derian, président du consortium Protéines France. L’association a démarré en septembre 2021 le projet ProteiNew pour engager une dynamique fédératrice sur l’ensemble de la chaîne de valeur. « Il vise à accélérer la structuration des filières françaises de protéines végétales et de nouvelles ressources en priorisant les actions ayant un effet de levier rapide », précise Céline Laisney, du cabinet AlimAvenir.

Copiloté avec Terres Univia, le projet a permis l’élaboration d’un premier état des lieux. Treize filières (légumineuses, oléagineux, céréales, insectes et fermentation) ont fait l’objet de rapports dans lesquelles sont renseignés les évolutions temporelles et géographiques des cultures protéiques, les flux et volumes de matières de la production aux débouchés, les procédés de transformation existants, la chaîne de valeur avec les acteurs présents sur le territoire ainsi que les projets en cours. « Cette première étape de collecte de données est nécessaire au partage d’une vision commune », précise Jean-François Albouy, chef de projet chez Soufflet.

Donner de la compétitivité

Ce travail a mis en évidence des obstacles à surmonter comme les habitudes alimentaires, les investissements coûteux des structures de transformation, le prix des produits finaux ou l’inertie de la réglementation européenne. « Les surfaces produites ne sont pas non plus au rendez-vous, complète Raphaëlle Senio-Girerd, directrice innovation et filières chez Sofiprotéol. Il va falloir donner de la compétitivité aux légumineuses. » Deux leviers ont été identifiés : l’innovation pour augmenter les capacités de production (semences notamment) et la mise en place de bassins de production pour la création d’une certaine masse critique.

Une nouvelle norme

L’innovation joue évidemment un rôle de premier plan dans la production et la transformation. Bpifrance accompagne ainsi les start-up et les entreprises innovantes dans la levée de fonds et l’obtention de mise sur le marché européen de nouveaux produits. L’élaboration d’une nouvelle norme NF V54-001 a permis de définir les critères de transformation et de mise sur le marché français des matières protéiques issues des végétaux, des algues et microalgues.

Enfin, la communication et la dégustation en magasin sont des atouts phares pour l’adhésion des consommateurs aux nouveaux produits. « L’aval aura ainsi la responsabilité de qualifier les prix pour une meilleure gestion des risques en amont », conclut Laurent Rosso, directeur de Terres Univia.

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